Les métamorphoses de la Cité. Essai sur la dynamique de l’Occident
Le propos de ce livre est de présenter une interprétation de l’histoire de l’Occident, plus précisément une interprétation politique de cette révolution permanente qui a caractérisé l’Occident. Ma thèse est la suivante : la cité est la source première du développement occidental. Avant cette invention, les hommes vivaient selon l’ordre relativement immobile des familles, encore prégnant dans bien des régions du monde. Avec la cité, l’humanité s’engage dans ce nouvel élément qu’est le politique entendu comme gouvernement de la chose commune, et l’histoire de l’Occident devient alors celle de ses quatre grandes formes politiques : la cité donc, puis l’empire, l’Église et la nation. Cette succession n’est pas seulement chronologique, elle est aussi causale. Chaque nouvelle forme résulte de la précédente qui, parvenant au bout de ses possibilités, suscite la nouvelle. C’est ainsi que la cité, déployant ses énergies jusqu’à s’épuiser elle-même dans les luttes intestines et les guerres extérieures, donne naissance à l’empire occidental – celui d’Alexandre, puis celui de Rome. C’est ainsi que l’Église comme communauté universelle prend la suite de l’empire, incapable de préserver l’unité dont il portait la promesse. Pendant une grande partie de son histoire, l’Occident restera incertain de sa forme politique, hésitant entre la cité, l’empire et l’Église, jusqu’à ce que soit élaborée la forme politique qui permettra aux Européens de se gouverner enfin de manière rationnelle : la nation. Mais cette forme à son tour s’est détruite elle-même dans les guerres «hyperboliques» du XXe siècle, et nous sommes aujourd’hui à la recherche d’une nouvelle forme politique. Cette étude s’efforce de retracer l’histoire politique, mais aussi intellectuelle et religieuse, de l’Occident en la rattachant sans cesse au problème politique par excellence : comment nous gouverner nous-mêmes ? Cette histoire raisonnée des formes politiques est donc aussi une recherche de philosophie politique. © Source: Flammarion
et
Le regard politique
« Aujourd’hui, la faculté humaine qui reçoit toute l’approbation, c’est l’imagination. Or je n’ai pas d’imagination, je ne suis pas un artiste et je n’ai pas l’ambition de créer. En revanche, je voudrais comprendre. Comprendre quoi ? Comprendre ce qui est. Or comprendre ce qui est ne motive guère les hommes d’aujourd’hui. Rousseau, grand maître des Modernes en cela, disait : « Il n’y a de beau que ce qui n’est pas. » Au fond, pour moi, c’est le contraire, je ne suis intéressé que par ce qui est. Et c’est peut-être pour cette raison que, au moins depuis ma maturité, je n’ai jamais été de gauche : la gauche préfère imaginer une société qui n’est pas, et j’ai toujours trouvé la société qui est plus intéressante que la société qui pourrait être. » Depuis une trentaine d’années, Pierre Manent creuse un sillon aussi original que discret dans le paysage intellectuel français. Ces entretiens veulent en restituer le mouvement et les étapes : la passion précoce pour la politique éveillée par un père communiste ; la découverte de la religion catholique dans la khâgne toulousaine de Louis Jugnet ; l’entrée à Normale Sup et le choix de la philosophie politique ; la rencontre décisive avec Raymond Aron ; la fondation de la revue Commentaire… Ainsi viennent au jour les caractères d’une démarche personnelle : la lecture inlassable des grands auteurs, la conviction qu’une science politique demeure possible à l’ère du relativisme, un certain « regard politique », enfin, qui rend intelligible le monde contemporain. Ces entretiens sont une vivante introduction au travail de Pierre Manent, et notamment aux Métamorphoses de la cité qui paraissent simultanément. Les deux livres partagent en somme la même ambition : « Toute notre histoire, se déployant à partir de notre nature politique, voilà ce que je voudrais donner à voir et à comprendre. » © Source: Flammarion
Lire le discours de Nicolas Boissonnas
Lire le discours de Catherine Coste
Lire le discours de Jean-Léonce Dupont
Lire le discours de Jean-Claude Casanova
Lire le discours de Pierre Manent
Membres du jury
Gabriel de Broglie
Chancelier de l’Institut, conseiller d’État Honoraire. Parmi ses œuvres, une biographie de Guizot publiée en 1990.
Jean-Claude Casanova, Président du jury
Membre de l’Institut (Académie des Sciences morales et politiques), directeur de la Revue Commentaire, président de la Fondation nationale des sciences politiques.
Benedetta Craveri
Professeur de langue et de littérature française à l’Université de Suor Orsola Benincasa à Naples, membre du Conseil d’Administration de la Fondation Benedetto Croce, spécialiste du XVIIIe siècle, Benedetta Craveri est l’auteur de plusieurs ouvrages dont L’âge de la conversation publié en France chez Gallimard (2002), réédité dans la collection Tel et traduit en plusieurs langues.
Olivier Dumoulin
Agrégé d’histoire, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Caen. Auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire sociale et intellectuelle des pratiques historiographiques en France aux XIXe et XXe siècles
Patrice Gueniffey
Directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, directeur du Centre Raymond Aron, auteur de nombreuses publications dont Le Nombre et la raison. La Révolution française et les élections, Le Dix-huit Brumaire, (Gallimard) en 2008.
Claude Habib
Agrégée de Lettres modernes, professeur à l’Université de Paris III, spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle, Claude Habib a publié plusieurs essais dont Le consentement amoureux (Etudes) 2001, Galanterie française (Gallimard) 2006.
Sudhir Hazareesingh
Historien anglais, professeur de sciences politiques à l’université d’Oxford (Balliol College), spécialiste de la France, a écrit plusieurs ouvrages sur l’histoire de France au XIXe siècle dont La légende de Napoléon qui a reçu le Prix d’Histoire de la Fondation Napoléon en 2006, La Saint-Napoléon (Tallandier) en 2008, Le mythe gaullien, (Gallimard) 2010.
Georges de Ménil
Descendant de François Guizot, professeur d’économie à l’université de Princeton (1970-1974), directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Possède la double nationalité française et américaine. Auteur de Common Sense. Pour débloquer la société française (2007).
Mona Ozouf
Directrice de recherche au CNRS, Mona Ozouf a écrit de nombreux livres dont Les Aveux du roman. Le XIXe siècle entre Ancien Régime et Révolution, pour lequel elle a reçu le Prix Guizot en 2002. Elle a publié plusieurs ouvrages en collaboration avec son mari, Jacques Ozouf puis avec François Furet. Elle écrit pour le Nouvel Observateur et Le Débat.
Dominique Pain
Représentant du Conseil Général du Calvados dont il est le directeur du Patrimoine.
Philippe Raynaud
Agrégé de philosophie et de sciences politiques, professeur en philosophie politique à l’université de Paris II, à l’EHESS et à l’Institut d’études politiques. Membre de l’Institut Universitaire de France, coauteur et directeur du Dictionnaire de philosophie politique, auteur de Max Weber et les dilemmes de la raison moderne (P.U.F. 1996), plus récemment de Trois révolutions de la liberté : Angleterre, Etats-Unis, France (P.U.F. 2009).
Georges-Henri Soutou
Membre de l’Institut (Académie des Sciences Morales et Politiques), professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris IV et à l’Institut d’études politiques, spécialiste des relations internationales au XXe siècle, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont La guerre de cinquante ans (Fayard), 2001.
Laurent Theis
Agrégé d’histoire, secrétaire des débats à l’Assemblée Nationale (1983-2004), président honoraire de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, collaborateur au service culturel du Point, conseiller littéraire chez Perrin, auteur de plusieurs ouvrages sur le Moyen Age, il a publié en 2008 une biographie de Guizot (Fayard).