1848-1874 : La retraite de Monsieur Guizot

La retraite de Monsieur Guizot

D'après Paul BAUDRY (1828-1886), Léopold FLAMENG, Portrait de François Guizot. Gravure. Collection particulière. Cliché François Louchet.Son extraordinaire vitalité ne tarda pas à prendre le dessus. Une ordonnance de non-lieu est rendue en sa faveur en novembre 1848, mais il ne regagne le Val-Richer qu’en juillet 1849. En janvier, il avait fait paraître avec un grand succès un essai polémique, De la démocratie en France, qui contribua à son échec complet dans le Calvados aux élections de mai 1849, du reste en son absence. Son action en faveur de la fusion entre légitimistes et orléanistes se révèle bientôt vaine. En 1850 il marie ses filles Henriette et Pauline aux frères Conrad et Cornélis de Witt. Il reprend ses activités d’historien, achevant sa monumentale Histoire de la Révolution d’Angleterre, puis, entre 1857 et 1868, publiant les huit volumes de ses Mémoires. À la tête de nombreuses sociétés savantes et religieuses, il exerce une sorte de magistrature intellectuelle et morale qui lui conserve un haut niveau de notoriété et beaucoup de mondanités, même s’il séjourne de plus en plus longtemps au Val-Richer. Ses amitiés masculines et surtout féminines continuent de s’épanouir en une magnifique correspondance, demeurée en grande partie inédite. Seul membre des trois académies de l’Institut, il reçoit en janvier 1861 le père Lacordaire sous la Coupole, où il se prononce en faveur du pouvoir temporel du pape, ce qui trouble profondément ses coreligionnaires protestants. Guizot consacre en effet la fin de son existence, toujours aussi active, principalement aux questions religieuses, soutenant le petit groupe des catholiques libéraux autour de Montalembert et, au sein de l’Église réformée, la tendance évangélique. Il obtient en 1870 de l’Empire libéral, qu’il soutient, la convocation d’un synode national de l’Église réformée de France, le premier depuis 1659, qui ne se réunira qu’en 1872, et où il joue un rôle déterminant.

Les obsèques de François Guizot. Le Monde Illustré du 26 septembre 1874.Frappé par la mort de sa fille Pauline en février 1874, il décède le 12 septembre au Val-Richer, dans une mort belle comme l’antique, entouré des siens. L’écho suscité par cette disparition, en France et à l’étranger, fut énorme.