Guizot et la politique

François Auguste BIARD (1798-1882). Entrevue de Louis-Philippe et de la Reine Victoria, à bord du La première « entente cordiale » entre la France et l’Angleterre a pris forme par un geste symbolique très fort : la visite de la reine Victoria au roi Louis-Philippe entre le 2 et le 7 septembre 1843, au château d’Eu en Normandie. C’était la première fois depuis Henri VIII qu’un souverain britannique se rendait en France. Cette manifestation amicale était d’autant plus impressionnante que, trois années plutôt, les deux pays avaient été au bord de l’affrontement, à propos de la question d’Orient, et qu’un puissant ressentiment s’était ensuivi dans l’opinion publique des deux côtés de la Manche. La nomination d’un nouveau gouvernement le 29 octobre 1840, avec François Guizot aux Affaires étrangères, était apparue comme un premier signe d’apaisement. [lire la suite]

Guizot, Ministre de l'Instruction Publique. Lith. Anst. von Pobuda, Rees et Cie.

Lorsque, le 11 octobre 1832, François Guizot devient le septième ministre de l’Instruction publique de la monarchie de Juillet, il est depuis longtemps un spécialiste reconnu des questions d’enseignement. Depuis 1812, il est professeur d’histoire moderne à la faculté des Lettres de Paris, et même ses adversaires les plus résolus conviennent qu’il fut le plus grand professeur d’histoire en France du premier XIXe siècle. De plus, avec sa future épouse Pauline de Meulan, il avait fondé en 1811 et rédigé durant trois ans les Annales de l’Éducation, un mensuel à l’usage des familles et des maîtres désireux de s’informer des idées, des méthodes et des ouvrages propres à réussir l’éducation des enfants et des élèves. [lire la suite]

D'après une photographie de Pierre PETIT, gravure de BARRY, Portrait de Louis Vitet. Extrait du panthéon des illustrations françaises au 19e siècle publié sous la direction de Victor FROND, Paris, Abel PILON ed. Sitôt entré au gouvernement en août 1830, Guizot se préoccupa d’enraciner le nouveau régime dans la continuité de l’histoire nationale, pour renforcer sa légitimité. A ses yeux, l’histoire pouvait être un puissant agent de cohésion sociale, et alimenter un besoin de fierté collective, en montrant que la France venait de très loin. Ses conceptions et son savoir d’historien, partout reconnus, le plaçaient en bonne position pour développer une sorte de politique du patrimoine, dans l’idée exprimée par lui dès 1828 que « c’est un désordre grave et un grand affaiblissement chez une nation que l’oubli et le dédain du passé. » Dès lors, la gestion de la mémoire nationale devenait une affaire de gouvernement. [lire la suite]